LE PONT Hippolyte CHARAMAULE

   La souscription lancée par H. Charamaule n’a pas connu beaucoup de succès. Certains habitants se sont inscrits mais n’ont pas versé l’argent promis. H. Charamaule s’applique à faire respecter les engagements pris. Un panneau (réalisé par l’entrepreneur Coulon, pour la somme de 5 francs...) précise, à l’entrée du pont :

 

 

“ CE PONT N’EST POINT PUBLIC.

IL N’EST OUVERT QU’AUX SOUSCRIPTEURS ET AUX INDIGENTS”

 

 

     H. Charamaule et ses gens veillent sur le trafic du pont, faisant redoubler tout individu n’ayant pas souscrit.

   En grand seigneur, toutefois, il laisse passer les dames de ses “adversaires”…

   Un jour, on voit même un jeune lunassien, dont la famille n’a pas réglé la souscription, se jucher sur les épaules d’un souscripteur, pour franchir le pont...

    Pendant ce temps, la commune continue d’entretenir la passerelle, seul moyen de communication (avec le pont Vieux) ouvert à tous...

   Cette situation dure pendant des années.

   Peu à peu les souscripteurs deviennent plus nombreux.

    Hippolyte Charamaule devait prendre un malin plaisir à voir ses adversaires céder les uns après les autres ! La formulation de sa souscription est surprenante : aucun tarif n’est fixé, chacun donne selon sa fortune... C’est ainsi que l’on peut se rendre compte de la mesquinerie de certains souscripteurs : 10 francs pour un riche entrepreneur, 50 francs pour un notaire ... les cotisations les plus élevées atteignent 200 francs.

    Chaque nouveau “contrat” était probablement l’objet de palabres. Cela impliquait de solliciter un rendez-vous avec Hippolyte Charamaule, au cours duquel on proposait sa participation.

    Certains Lunassiens passeront leur vie sans jamais franchir le pont, refusant toute démarche envers le châtelain.

Ce plan datant des années 1860 montre l'emplacement de la passerelle communale, à quelques dizaines de mètres en amont du pont Charamaule. (archives Philippe de FIRMAS)

    La situation perdure. En 1870 la passerelle rend l’âme ! Par mesure de sécurité on la démolit mais on récupère les poutres de chêne pour installer dans l‘église une nouvelle cloche.

    La situation atteindra son point fort en 1875 (ou 1876 ?). Cette année-là un nouveau maire est élu : Thomas Boulouys, cousin de Casimir Boulouys. " Enhardi sans doute par ses fonctions de maire, (Th. Boulouys) affecta de passer avec sa charrette sur la chaussée, se jactant qu’il en avait le droit, la chaussée constituant, dit-il, la propriété de la commune...” (sic Charamaule)

   Charamaule traduit Thomas Boulouys devant les tribunaux. En première instance, le 18 mai, un juge, peu informé semble-t-il de l’exacte situation, donne gain de cause au maire, condamnant Charamaule aux dépens. Celui-ci fait appel et défend personnellement sa cause le 10 juin. Il démonte un à un les arguments de son adversaire, montre la légèreté avec laquelle le premier jugement a été rendu et renverse la situation.

 Extraits des conclusions de la plaidoirie d'Hippolyte CHARAMAULE : Cliquez

  (La documentation consultée pour réaliser ce dossier nous a été aimablement communiquée par Philippe de Firmas )

 (J. et L. Osouf - mai 2006)

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