D'où la chapelle tire-t-elle son nom?

    Si des reliques de saint Benoît sont conservées dans l'abbaye bénédictine de Joncels, proche de Lunas , la chapelle ne doit  pas son nom au saint, mais tout simplement au patronyme des derniers propriétaires des lieux.

    Cette petite chapelle, fut construite en 1816 (comme la date gravée sous la croix, en façade, l'indique).

    Par le biais de divers documents, il est toutefois possible d'apporter quelques précisions :

      1 - Lunas et la famille BENOIT :

    En 1796, à son mariage, Jacques Benoit âgé de 50 ans est domicilié à Laval-de-Nize. Il est originaire du mas de Campestre (commune de Lodève), où résidaient ses parents (Jacques Benoit et Anne née Ollier).

   En 1824, à son décès, Jacques Benoit y habite toujours avec son fils Jean Benoit.

   Des Benoit (probablement Jacques) sont déjà établis à Laval-de-Nize en 1784. A cette époque, les seigneurs de Lunas étant à Paris, c'est leur représentant qui achète à un Benoit, demeurant ce hameau, un fonds pour y créer une cave à fromage. En 1791, pour une raison inconnue, Benoit la rachète et s'engage à y recevoir, pour affinage, tout le fromage produit par le seigneur ou ses fermiers.

   En 1834, Jean Benoit (alors maire) et son épouse, Marie née Boulouys, sont encore à Laval-de-Nize (comme le stipule l'acte de naissance de leur fils Emile, en date du 20 mai).

   Jean Benoit doit arriver au village vers 1835. Il y est recensé avec toute sa famille, en juin 1836, dans sa demeure nouvellement bâtie, route de Bédarieux, à la sortie de l'agglomération.

     La  chapelle n'a probablement pas été construite pour la famille Benoit qui, en 1816, vivait loin du village. elle est entrée certainement dans son patrimoine par le jeu d'alliances successives.

     L'arbre généalogique de Jacqueline Ferrandi, née Benoit, (qui l'a cédée à la commune vers 1980) offre deux pistes :

         - est-ce par Marie Boulouys (fille d'Alexandre Boulouys, maire de Lunas de 1804 à février 1815) qui rejoint la famille Benoit en 1814 en épousant Jean Benoit ?

         - est-ce par Victoire (ou Victorine selon les registres) Milhau descendante de Gabriel Crouzat qui entre dans la famille Benoit en 1866 en épousant Jacques Benoit, fils de Jean ?

   2 - Autres indices :

   La chapelle a servi de caveau mortuaire pendant le XIXème siècle (et peut-être après). En 2011, lors de la restauration , il a été trouvé, au pied de l'autel, des couronnes en perles de verre portant des inscriptions en lettres d'aluminium.

   Deux d'entre-elles apportent des informations intéressantes :

      - sur la première on peut lire, "Les médecins de l'arrondissement de Béziers St-Pons, à leur regretté confrère". Un médecin a donc été inhumé dans ce caveau. S'agit-il du docteur Casimir Boulouys (1817-1887), cousin germain de Marie Boulouys (mère de Jacques Benoit) ? Il serait possible qu'à son décès, la famille ait tenu à inhumer ce personnage (médecin de famille à Lunas pendant plus de 40 ans et maire de la commune pendant 23 ans) dans un lieu digne de sa notoriété. A l'époque, les caveaux de la famille Boulouys, dans le village, ne doivent pas encore être construits ;

       - la seconde est dédiée à un membre de l'enseignement. Parmi les mots restant en place, on peut lire "inspecteur", "les enfants des écoles de ...". Cette couronne pourrait concerner Martin Crouzat ou son épouse Jeanne (née Guibal) ou leur fille Marie Perronie Elisa Crouzat. Ils furent en effet, tous trois, enseignants à Lunas.

   3 - Des éléments de réponse :

      Un plan d'expropriation établi vers 1865, par la Compagnie des chemins de fer du Midi, nous apprend que la chapelle et la parcelle sur laquelle elle est établie appartiennent à Martin Crouzat.

  

   C'est donc par l'alliance Jacques Benoit x Victoire Milhau en 1866 que la chapelle est entrée dans le patrimoine Benoit.

   Victoire Milhau (1846-1905), comme le montre le schéma ci-dessous, est :

    - petite-nièce de Martin Crouzat  (1803-1874)

   - arrière-petite-fille de Gabriel Crouzat (1779-1848) qui fut maire de Lunas de 1815 à août 1823. C'est très probablement ce dernier qui fit construire la chapelle.

   Quant au médecin inhumé dans le caveau, il s’agit du docteur Alfred LOGNOS, beau-frère de Léon Joseph BENOIT. De plus, son épouse, née Léonie BENOIT serait également inhumée dans la chapelle (*).

    En conclusion, la chapelle de Benoit ne devrait-elle pas, logiquement, s'appeler chapelle de Crouzat ? ...


(*) Nous remercions vivement madame Sarlin, rencontrée en avril 2015, pour ces éléments venant compléter nos recherches.
 

La chapelle de Benoit, description

Jeannine et Lucien Osouf - Décembre 2015