Paul OLLIER raconte le Pont-d'Orb... (5)

Les activités agricoles (2) : les prairies, les fraisiers,...

  Les prairies

Prairie sur la rive gauche de l'Orb, en aval du pont (vers 1905)

  Elles étaient nombreuses le long du Gravezon et on pouvait les arroser. Un premier canal d’irrigation avait été construit en 1841 par Joseph Pradel, cultivateur, à partir d’un barrage mouvant dans le lit de la rivière. Ce canal, le « béal », a été remanié en 1863 et en 1868. En 1874, Jean Rivière remplace le barrage mouvant par un barrage fixe. Le 28 décembre 1880 le préfet de l’Hérault autorise Jean Rivière « à établir un barrage fixe en maçonnerie sur la rivière du Gravaison en remplacement d’un barrage mobile existant » et le 25 mai 1882 Théodore Cussol lui vendait un droit d’appui de la chaussée sur la rive gauche de cette rivière. La répartition des droits d’eau entre les bénéficiaires a fait l’objet de nombreux documents : 7 février 1863, 21 avril 1866, 29 juin 1874, 8 septembre 1874, 17 août 1898, 7 avril 1907, 26 août 1908, 6 décembre 1926… et tous ne sont pas cités.

 

  Les fraisiers  

   La guerre 14-18 a dû avoir des répercussions financières défavorables sur la conduite des fours à chaux. Mon grand-père a alors planté un grand champ de fraisiers sur le pré sis à l’angle de la route de Caunas et de la route de Lunas. Ces fraisiers ont été cultivés de 1915 à 1925. La production annuelle s’échelonna de 854 kg en 1915 à 588 kg en 1923, avec un record de 916 kg en 1920. Les fraises se vendaient de 3 à 5 francs le kg. Elles étaient cueillies par des personnes que mon grand-père embauchait en plus de ma grand-mère Lucie, de ma grand-tante Lucinou, sa belle-sœur, de ma mère Pauline, c’étaient Marcelle Cayron et Justine Cadars. Il fallait, en moyenne une heure pour en cueillir un kilo. Elles étaient rangées dans des corbeilles d’osier ovales contenant approximativement un kilo. Il fallait 18 corbeilles pour faire une caisse complète. Les caisses partaient ensuite chez les marchands de fruits et légumes de Sète, de Narbonne ou de Béziers. Les fraises étaient achetées à 3,75 - 4,75 francs le kg. Mon grand-père était très gourmand. L’histoire raconte qu’il se plaisait à manger les plus jolis fruits que les femmes mettaient bien en apparence sur les corbeilles. Il leur disait : "qualqua puta de Besièrs las manjarià...!"  Cela n’a pas dû arranger son diabète. Les fraisiers vieillissant ont été arrachés en 1924-1925 et remplacés par une vigne de raisins de table : des chasselas et des œillades. Je n’ai trouvé qu’une indication dans les archives : en 1922 la cueillette du chasselas a été de 440 kg. Ils se vendaient 16 à 24 sous soit 0,80 à 1,20 F le kg.

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