HISTOIRE DE LA CHAPELLE SAINT-GEORGES

    La plupart des études consacrées à la chapelle sont pauvres en renseignements d’ordre historique. Il n’existe aucun document à son sujet. Les cartulaires du monastère tout proche de Joncels, ni ceux de l’évêché de Lodève, ne lui accordent la moindre mention. Dans la bulle du 8 juin 1135 par laquelle le Pape INNOCENT II confirmait à l’Abbaye de Joncels ses possessions, il n’est nullement question de la chapelle St Georges. Il faut attendre le compte rendu des visites pastorales au 17ème siècle pour glaner de bien pauvres renseignements (1636). C’est certainement l’église mère de Lunas. En 1550, une confrérie de la paroisse de Lunas, placée sous le vocable de St Georges y avait son siège. ( abbé ALZIEU, documentaliste de l’évêché)

     Les visites pastorales de 1687-1691,1747-1764 passent complètement sous silence l’église de St-Georges ce qui laisse entendre que celle-ci était désormais dans un oubli complet.

     Rares sont les églises de notre région placées sous le vocable de saint Georges. On pense que l’appellation de la petite chapelle de Lunas rappelle le souvenir de Georges, moine bénédictin, évêque de Lodève, dont l’épiscopat se situe entre 843 et 877 et qui fut sanctifié sous le nom de saint Georges. Les notes de l’abbé CABROL ,contredisent l’origine de cette appellation : 

"Il est à noter que Saint Georges de Lunas est bien le prince de Capadoce, le célèbre martyr vainqueur du dragon, qui mourut décapité lors de la dernière persécution de DIOCLETIEN " . (Capadoce :ancien pays d’Asie Mineure qui fut le centre de l’empire hittite, premier foyer du christianisme).

(DIOCLÉTIEN : empereur romain 284-305)

(St Georges : patron de l’ANGLETERRE, culte très ancien en Grèce)

     En raison de leur rusticité et de l’absence de décor, ces vestiges de l’art préroman sont considérés érigés à l’ère wisigothique (V et VIème siècles). Notre chapelle n’étant pas véritablement wisigothique comme c’est le cas de la plupart de nos églises préromanes, comparativement à certains édifices mieux datés (St Michel de Cuxac, Crypte de Lodève, tous deux consacrés en 975), c’est autour du IXème siècle et certainement du Xème siècle qu’il faut situer la construction de la chapelle Saint-Georges.

     L’Abbé CABROL indique :

" D’après certains historiens, il faudrait faire remonter la construction de la chapelle aux environs de 860, date à laquelle les reliques de St Georges, données à l’empereur Charles le Chauve (823-877) par le calife de CORDOUE traversèrent le midi et passèrent à NARBONNE pour aller à PARIS. Des églises furent construites en son honneur. Il existe une trentaine d’églises de ce style, de TOULOUSE aux rives de l’HÉRAULT, aucune au-delà, la plus proche se trouvant près de QUARANTE. L’architecture religieuse du midi, en ces années de la renaissance carolingienne, a subi l’influence des artisans espagnols qui fuient la persécution arabe. En effet, excepté St-Georges (Lunas), toutes les autres chapelles de ce style ont des saints espagnols pour patron ".

Il est certain que la chapelle St-Georges existait en 1118 et qu’on y enterrait encore en 1604. D’après la tradition locale elle était encore debout au moment des guerres de religion et servait de lieu de culte aux catholiques pendant que les protestants de la localité occupaient l’église actuelle ".

Quant au ruisseau qui coule, quelquefois au pied de St-Georges ne devait-il pas s’appeler autrefois " DOURDOU " ? Le nom serait resté seulement au pont de son embouchure. La rivière de Saint-Afrique ( Aveyron) porte aussi ce nom. Est-ce une indication ? "

       Le terrain en paliers de la chapelle appartenait à la famille de Monsieur Abel Fourestier de Lunas, qui en fit don à la paroisse. En 1933, il consolida l’Arc en fer à cheval. La Chapelle est actuellement propriété communale. Dans les dernières années de la décennie 50, l’abbé CABROL, MM BOUTET Junior, NOUGUIER, BERNAL Antoine (habitants de Lunas) procédèrent à la plantation de cyprès et résineux divers. Ils dégagèrent les murs latéraux de la nef reconstituant ainsi le contour primitif de la chapelle.

La chapelle Saint-Georges en 1958, après plantation des cyprès... Cliquez

   Sous l’égide des Amis de Lunas, des travaux de consolidation ont été faits, mais la chapelle mérite encore quelques interventions de sauvegarde. Les vieux Lunassiens se souviennent des rogations anciennes. Signalons depuis de nombreuses années l'offrande discrète d’un bouquet de fleurs, au pied de la croix.

     L’abbé CABROL nous indique encore que lors de la plantation de la vigne (orientation Nord ou à gauche de la chapelle) M. AUDIE, propriétaire à l’époque, a exhumé 2 fragments de lampes, 3 sépultures distantes d’une dizaine de mètres. Les ossements reposaient sur des tuiles, les tombes étaient orientées comme à l’époque wisigothique, les pieds à l’Est. (ce terrain est actuellement communal)

    Inscrite dans un premier temps à l’inventaire des monuments historiques par arrêté ministériel du 6 juin 1988, la chapelle a été classée par arrêté du 17 juillet 1997. Vestige historique, patrimoine culturel, témoin des populations " Rocailleuses " passées, à ces titres nous lui devons respect et protection.

sommaire Saint-Georges